Je ne sais plus quoi faire, c'est bien simple, je ne comprends plus rien. Terminale S. Quelle idée. Moi qui n'ai jamais été douée en matières scientifiques, moi qui avais toujours les pires moyennes de la classe, moi qui n'aime pas la physique, la chimie, les mathématiques.
J'ai l'impression d'être une pierre qui s'enfonce de plus en plus dans les bas-fonds de la mer. Celle qui coule alors que les autres arrivent à flotter, certains arrivant même à voler. Tout ça est étouffant. Je veux vivre libre. Je veux partir.

Terminale S + incompréhension = 58% anxiété, 12% peur, 30% dépression

Pour moi, les chiffres, les nombres ne signifient plus rien, un grand méli-mélo de conneries, des propriétés mathématiques, physiques, chimiques qui ne rentrent plus dans ma tête bourrée d'anxiété. Je n'ai plus la motivation de rien, à part dessiner toute la journée, chanter seule dans ma chambre, danser dans l'illusion d'être libre. Oublier le lycée, oublier tous ces hypocrites, oublier mes soucis. Je voudrais partir loin d'ici. Je ne tiendrais pas plus longtemps dans cette atmosphère.

Demain, j'irais voir ma psychologue.

Parfois, quand je vois des gosses dans la rues, je m'imagine ce qu'ils deviendront plus tard ...

Les gosses ça ne grandit jamais comme on l'imagine. Je me rappelle de K*, c'était de ceux dont on se moque mais qu'on aime tout de même. A la maternelle quand sa mère l'amenait à l'école, il pleurait, et c'était comme ça chaque matins. Il criait dans tout l'établissement, s'agrippait aux vêtements de sa mère, donnant des coups de pieds aux professeurs. Moi j'étais là, à contempler tout ce vacarme, me demandant pourquoi il devait faire tout ça, pourquoi il ne comprenait toujours pas que chaque matins sa mère le déposerait à la maternelle. K* est maintenant en Angleterre pour faire ses études, avant ça, il était passé par la case "skateur" et "fumeur". Il y avait aussi T*, qui pleurait aussi quand il était petit. Je me rappelle qu'une fois, on jouait au football et son appareil dentaire c'était décollé, il avait mal et s'est mis dans un coin en versant quelques larmes. Maintenant il est lui aussi un de ces "fumeurs", les gens le qualifierait peut-être aussi de "glandeur", mais moi je le trouve intéressant. Il est très intelligent et fait des remarques très pertinentes. En plus, il est attentionné. Il y avait aussi J*, lui, c'était mon amoureux, et moi, sa deuxième amoureuse. Je n'ai jamais eu beaucoup de chance avec les mecs. La plupart préférait mes amies, beaucoup plus féminines que moi, beaucoup plus jolies, et beaucoup plus extraverties. Lui par contre, était déjà un peu dérangé depuis qu'il était gosse. Maintenant je ne saurais pas dire ce qu'il est devenu, même si je le vois de temps à autres dans les rues du quartier.

Et moi, qu'est-ce-que je deviendrais? Est-ce-que je serais toujours cette fille un peu solitaire que les autres qualifient de "bizzare" ou encore de "décalée"?